
Construction de l'appareil photo Vega
Il y a quelque temps, après plusieurs nuits passées à photographier les étoiles, j’ai ressenti le besoin de ralentir. L’astrophotographie est une discipline fascinante, mais elle demande une rigueur technique presque absolue : capteurs, montures, traitements d’images… Tout doit être réglé au millimètre. J’avais envie de retrouver quelque chose de plus simple, de plus tangible aussi. Sentir à nouveau la matière, la lumière, le papier.
C’est ainsi que je suis revenu vers la photographie argentique. Une pratique où chaque image prend du temps, où l’on compose lentement, où l’on doute un peu, mais où chaque déclenchement a du sens. Et comme souvent, au lieu d’acheter un appareil, j’ai préféré le construire moi-même. Comprendre en fabriquant, c’est un réflexe d’artisan que je n’arrive pas à perdre.
En fouillant sur Thingiverse, je suis tombé sur un projet qui m’a immédiatement captivé : le Vega 4x5, un appareil photo grand format entièrement imprimable en 3D. L’idée est brillante : télécharger les fichiers, imprimer les pièces, les assembler, y fixer une optique, puis insérer des plans-films 4x5 pouces.
Ce format est particulier. On ne parle plus de cartes mémoire ni de rafales. Une seule photo par châssis. Une image, une décision. Chaque prise devient un petit rituel : préparer, mesurer, respirer… puis déclencher. Rien n’est automatique, tout est choisi.
Ce qui m’a plu dans ce projet, c’est la rencontre entre deux époques : la précision technologique de l’impression 3D et la lenteur poétique de la photographie argentique. C’est un dialogue entre le futur et le passé, entre le pixel et l’argent, entre la machine et la main.
Alors j’ai lancé l’impression. Des heures de bourdonnement régulier, des pièces qui naissent une à une sur le plateau. Le Vega prenait forme peu à peu, chaud, rugueux, imparfait — presque vivant. Et quand enfin je l’ai assemblé, j’ai eu la sensation étrange d’avoir construit un pont entre deux passions : fabriquer et observer, comprendre et contempler.

A force de travail et d'ajustement, je possède cet appareil photo grand format. Je charge les premiers négatifs dans leurs support. Pas facile dans un sac noir. Je prend ma cellule, et je commence à faire les premières mesures. Comme je ne peux pas sortir à cause de ma jambe blessée, je fais des photos sur le balcon.
Je développe mes négatifs et force est de constater que cela fonctionne. Pas encore comme je le souhaiterai. Pour ne pas casser ma tirelire, j'ai utilisé des négatifs foma, le Fomapan classic 100. Il n'est pas cher, mais je trouve que les constrastes sont un peu mous. Cela donne des photos un peu grisouilles. Je pense que je vais me tourner vers des Ilford HP5. Nous verrons...
Imprimer cet appareil m’a rappelé que la création n’est jamais qu’une succession d’essais, de ratés et de petits miracles. Ce n’est pas l’objet fini qui compte, mais le chemin parcouru pour le construire. Et si le Vega capture la lumière, moi, il m’a appris à fabriquer.


