
Astrophotos, les bases
L’Astrophotographie : Quand le Ciel Profond Révèle Ses Secrets (et Ses Défis !)
Vous avez déjà levé les yeux vers le ciel étoilé et rêvé de capturer sa splendeur ? Bienvenue dans le monde fascinant de l’astrophotographie ! Que l’on veuille immortaliser la Lune, le Soleil, les planètes ou les merveilles du ciel profond, chaque sujet a ses propres défis et ses propres outils. Mais aujourd’hui, on va plonger dans mon domaine de prédilection : le ciel profond.
Le Ciel Profond, c’est quoi au juste ?
Imaginez-vous voyager bien au-delà de notre système solaire. Là, vous trouverez des nébuleuses chatoyantes, des nuages de gaz et de poussières cosmiques, des étoiles par milliards, des vestiges d’explosions stellaires (supernovae) et des galaxies entières. C’est un univers infini de beauté, et c’est ça, le ciel profond ! Mais comment diable arrive-t-on à photographier ces merveilles lointaines ?
Le Secret ? La Patience (et un peu de Magie)
Le grand secret de l’astrophotographie, c’est le temps d’exposition. On ne parle pas de quelques secondes, mais de plusieurs heures, parfois même 20, 30, voire 35 heures cumulées ! “Mais comment est-ce possible ?”, vous demandez-vous.
Nos appareils photo sont des champions pour capter la lumière du jour. Mais la nuit, c’est une autre histoire : on photographie surtout… du noir ! Les objets du ciel profond sont peu lumineux. Malgré leur grande taille, notre oeil n’arrive pas à les voir. Pourtant certains prennent plus de place dans le ciel que la Lune. Pour collecter le maximum de photons (ces petites particules de lumière), il faut laisser l’objectif ouvert très, très longtemps.

Imaginez un seau que vous laissez sous la pluie. S’il pleut fort, il se remplit vite. Mais s’il ne pleut qu’une fine bruine, il faudra le laisser dehors bien plus longtemps pour qu’il se remplisse. C’est exactement pareil avec la lumière !
Les Défis de la Longue Pose : Quand la Terre s’en Mêle
Ce temps d’exposition XXL, bien que nécessaire, apporte son lot de défis. Le premier, et non des moindres : la Terre tourne ! Vu de chez nous, le ciel semble bouger. Heureusement, cette rotation est prévisible : notre planète fait un tour en 24 heures, soit 15 degrés par heure (360°/24h).
La solution ? Un petit moteur astucieux qui va faire tourner notre appareil photo (ou plutôt notre télescope) à la même vitesse que la Terre, mais dans le sens inverse. C’est ce qu’on appelle le “suivi” ou “tracking”. Mais attention, il faut que ce moteur tourne sur le bon axe !
La “Mise en Station” : L’Art d’Aligner son Télescope
La première étape cruciale quand on installe son télescope, c’est d’aligner ses axes de rotation avec ceux de la Terre. C’est la fameuse “mise en station”. De jour, on dégrossit le travail avec une boussole. Mais la nuit, on va pouvoir s’aider des étoiles, c’est là que la précision entre en jeu !
Dans l’hémisphère nord, on vise l’étoile Polaire et on applique une petite correction saisonnière. Avec les systèmes modernes, des logiciels intelligents mesurent le mouvement des étoiles et nous guident pour ajuster la monture. Avec un peu de pratique, on peut atteindre une précision incroyable : une erreur de seulement 30 secondes d’arc, soit 1/120 de degré ! Pas mal du tout, n’est-ce pas ?
En résumé : Nos axes sont alignés avec la rotation terrestre, et un moteur corrige le mouvement. Si on désactive le moteur, les étoiles dessinent de jolies traînées (un effet parfois recherché !). Mais avec le “tracking” activé, les étoiles restent bien rondes, comme des perles.
Le Réservoir à Lumière : Pourquoi ne pas tout faire d’un coup ?
On pourrait penser qu’il suffit de déclencher l’appareil pendant 4 heures et le tour est joué. Erreur ! Votre photo serait probablement ratée. Un avion, un satellite, un oiseau, ou même une rafale de vent peuvent tout gâcher.
L’astuce ? On prend des photos plus courtes, par exemple de 3 minutes chacune. Puis, on les additionne ! Pour atteindre 4 heures d’exposition, il nous faudra environ 80 photos réussies. Et pour 30 heures, ce sera 600 photos, prises sur plusieurs nuits, voire plusieurs semaines ou mois ! C’est un travail de patience, de persévérance et parfois d’ingéniosité. Si la météo est capricieuse ou la Lune trop brillante, il faut savoir attendre.
Reprenons l’analogie du seau : au lieu de le laisser toute la nuit sous la pluie, on utilise un réservoir. On vide régulièrement notre seau dans le réservoir, après avoir vérifié qu’il n’y a pas de saletés. À la fin, on a peut-être un peu moins d’eau (car on a jeté les seaux “souillés”), mais elle est d’une qualité bien supérieure !
Les Couleurs Cachées du Cosmos : Le Rôle des Gaz et des Filtres
Les nébuleuses sont des merveilles composées de poussières et de gaz ionisés. Quand un atome de gaz reçoit assez d’énergie, il libère cet excédent sous forme de lumière, de photons. C’est le même principe qu’un néon : on envoie de l’électricité dans un gaz (le néon), et il s’illumine !
Dans l’espace, ces nuages sont principalement faits d’hydrogène, de soufre et d’oxygène. Ces gaz, une fois ionisés, émettent des lumières de couleurs (longueurs d’onde) très précises et régulières.
Mais il y a un hic : nous, les humains, on adore la lumière ! La nuit, nos villes éclairent le ciel d’une douce teinte orangée, c’est la pollution lumineuse. Pour la contourner, plusieurs solutions : s’isoler en montagne ou dans un désert, ou utiliser des filtres spéciaux.
Ces filtres sont de véritables magiciens : ils ne laissent passer que la lumière émise par les atomes ionisés des nébuleuses. Même si on retrouve un peu de ces gaz sur Terre, on arrive à isoler le signal de l’hydrogène ionisé (Hydrogène-alpha), du soufre (Soufre II) et de l’oxygène (Oxygène III). Grâce à eux, on peut capter la faible lueur des nébuleuses, même depuis des zones moins sombres !



Couleurs ou Noir et Blanc ? Le Dilemme du Capteur
Il existe deux types de caméras astronomiques : les couleurs et les monochromes (noir et blanc). Pourquoi ce choix ?
L’univers est majoritairement composé de vide et d’hydrogène. L’hydrogène, on l’a vu, émet une lueur rougeâtre. Du coup, les photos sont souvent dominées par le rouge. Le Soufre II est aussi rouge foncé, et seul l’oxygène émet une lueur bleutée. Notre atmosphère, en plus, a tendance à décaler les couleurs vers le rouge.
C’est là que le capteur monochrome devient intéressant ! On lui ajoute des filtres qui ne laissent passer qu’une seule couleur à la fois. On obtient alors une photo noir et blanc pour chaque couleur (rouge, vert, bleu, ou les bandes étroites comme H-alpha, S-II, O-III). Ensuite, on combine ces images pour recréer une image couleur.
Les avantages du capteur couleur : Simplicité d’utilisation et de traitement. On prend une série de photos, et c’est presque prêt !
Les avantages du capteur monochrome : Une liberté artistique bien plus grande ! Si vous avez 3 heures de temps de pose, vous passerez 1 heure pour le rouge, 1 heure pour le vert et 1 heure pour le bleu (par exemple). Il faudra donc capturer 3 fois plus d’images pour obtenir une seule photo finale. Le traitement et la colorisation demandent plus de travail, mais le résultat est souvent spectaculaire. Le télescope Hubble, par exemple, utilise un capteur monochrome et une série de filtres, puis ses images sont recolorisées selon la célèbre “Palette Hubble”, qui donne des effets magnifiques.
Le Froid, Votre Meilleur Ami : L’Ennemi du Bruit
Même avec le capuchon sur l’objectif, si vous prenez une longue exposition, l’image n’est pas parfaitement noire. Les pixels ne sont pas tous à zéro, et leurs valeurs varient. Ce phénomène est dû à l’échauffement du capteur par le courant électrique qui le fait fonctionner. Plus le temps de pose est long, plus ce “bruit” thermique est important, rendant l’image plus claire alors qu’elle devrait être noire.

La solution ? Éliminer cette chaleur ! C’est pourquoi les caméras d’astrophotographie sont équipées d’un système de refroidissement, souvent un congélateur intégré, qui maintient le capteur à des températures glaciales (par exemple, -20 degrés, ou -10 en plein été). Le froid est votre meilleur allié pour des images nettes et sans bruit !




